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Syli : Zayatte lâche ses vérités et fait un gros déballage

Actuellement en vacances en Guinée, Kamil Zayatte s’est livré à cœur ouvert dans une interview à bâtons rompus accordée à Foot224. Le capitaine du syli national est revenu sur l’interprétation faite de participation à la CAN 2015, l’histoire du brassard, son avenir en club, le conflit d’égos qui mine le syli national. Le tout dans un entretien sans concessions et à couper le souffle. Lisez !

Quel bilan tires-tu de ta saison avec Sheffield Wednesday ?

On a fini le championnat il y a deux semaines et on a terminé 11e. Malheureusement,  j’ai fini la saison à la maison. J’ai été victime d’un accident de travail. J’ai pris un coup de tête sur le terrain et je me suis fracturé la pommette et la mâchoire. Ç ‘a un petit peu gâché ma fin de saison. Deux jours après, je me suis retrouvé sur une table d’opération. On m’a mis une platine dans la mâchoire et dans la pommette. Personnellement, je dirai que le bilan est mitigé. Pendant mes deux ans à Sheffield, j’ai eu des moments difficiles. Avec le décès de ma mère, il fallait faire la part des choses, le deuil. Ça été très difficile pour moi. Il y a eu des moments où j’ai même refusé de jouer pour mon club pour être prêt pour la CAN. Mes coachs ont même failli s’en douter parce qu’à l’entraînement, ils voyaient que j’étais prêt, mais à chaque fois qu’il y avait un match, je disais qu’il fallait que j’attende pour revenir. Le dernier match avant la CAN, j’ai joué et je me suis blessé.

Est-ce qu’avec cet enchaînement de blessures,  l’envie de prendre ta retraite t’a traversé l’esprit?

J’ai eu des blessures à des moments difficiles. A chaque fois que je revenais à mon meilleur niveau, que ça soit en club ou en sélection, il y avait des petits pépins. Ça mettait un à deux mois et le temps de revenir, quelqu’un avait déjà pris ma place. Il fallait donc que je me batte à nouveau pour revenir et dès que ça commençait à aller, je me blessais mais je n’ai jamais pensé à une retraite. J’ai 30 ans, et quand je vois des joueurs qui ont joué jusqu’à 36 ans comme Dian Bobo par exemple. Je l’ai eu au téléphone avant de venir à Conakry, on en a discuté. Je lui ai dis que j’allais peut-être arrêter la sélection mais lui m’a dissuadé et m’a demandé de réfléchir parce que lui a joué jusqu’à 36 ans avec le syli.

Pourquoi cette envie d’arrêter avec le syli national ?

Il s’est passé beaucoup de choses à la dernière CAN qui m’ont poussé à prendre du recul et à réfléchir. Le fait que je sois parti sans jouer et tout ce qui s’est dit autour de cela. J’ai appris beaucoup de choses. Vous savez, c’est mon métier. Je suis critiqué  à longueur de journée mais là c’était un peu de trop. Quand j’apprends qu’il faut m’arrêter, c’était une trahison, il faut me mettre en prison, je suis parti à la CAN pour de l’argent, j’ai corrompu le coach… Pourtant je ne suis jamais venu ici pour de l’argent. J’ai été le seul joueur à jouer ici étant blessé, j’ai été fracturé deux fois à la main en sélection. Tout cela par amour pour mon pays. 30. 000 dollars, ça va me faire quoi ? (il sourit). Dès que je suis arrivé, j’ai fait constater ma blessure au médecin qui me dit, ne t’inquiète pas, on va gérer ça. Le lendemain à l’entraînement, je n’arrivais pas à courir. J’ai vu le coach et le médecin pour leur dire que j’étais blessé. On a fait l’échographie. J’ai demandé la durée de mon indisponibilité. Le médecin m’a dit que si c’est pour aller à la CAN, ça allait être un peu difficile  mais qu’avec le traitement ça pouvait aller. J’ai demandé au médecin de l’équipe de me dire si ça pouvait aller pour qu’au cas contraire, je prenne mes bagages et rentrer chez moi. Il m’a dit non, en dix jours moi je peux te mettre sur pied. On est parti au Maroc mais ça n’allait toujours pas. A chaque fois que je mettais des crampons, j’avais des douleurs. Je ne pouvais même pas courir. J’ai demandé à repasser des examens au Maroc. Le médecin marocain m’a dit que je n’avais rien mais que je ne pouvais pas mettre de chaussures.

Un peu bizarre quand même…

C’est ce que je me dis aussi tout le temps. Paradoxalement, à chaque fois que je me blesse, c’est à la veille de la publication d’une liste du syli. Ensuite, j’ai essayé de courir deux jours après mais je n’y arrivais pas. J’ai vu Ousmane Decazy (l’intendant de l’équipe, ndlr), je lui ai dis que je voulais rentrer. Je ne voulais même plus aller à la CAN à partir du Maroc. J’ai été également voir le coach pour lui dire que je voulais rentrer parce que je ne sers à rien ici. Il m’a dit non, tu sers à beaucoup de choses, grâce à toi l’équipe est là, tout le monde vit bien. Même si tu ne joues pas, ça nous aide beaucoup. Je veux que tu restes pour conduire cette équipe au plus haut niveau. Je lui dis d’accord, je vais réfléchir. 30 minutes après que je sois rentré dans ma chambre, il y a le staff qui est venu me voir pour me dissuader de rentrer. Ensuite, ce sont les joueurs qui viennent me voir parce que j’étais décidé à partir. Ils m’ont dit, grand reste même si tu ne joues pas. En te voyant à nos côtés, ça va nous motiver de plus. C’est à partir de là que j’ai décidé d’aller à la CAN.

Il y a ensuite eu l’histoire des primes

On n’avait reçu aucune prime. On a fait des réclamations et la ministre des sports est venue au Maroc pour gérer le problème. Elle nous a parlé en compagnie de Salifou Camara, mais on ne voulait rien entendre. On voulait nos primes. Quand j’ai eu un ministre de la République au téléphone, il m’a demandé pourquoi on réclamait encore de l’argent alors que chaque joueur a reçu 30. 000 dollars ( au titre des primes des éliminatoires qui étaient payées en fonction du nombre de sélections de chaque joueur soit 5.000 dollars par sélection, NDLR). J’ai dis non, ce n’est pas tout le monde qui a reçu 30.000 dollars, il y en a qui n’ont eu que 10.000 ou 15.000 dollars. Apparemment, ils avaient débloqué 30.000 dollars pour chaque joueur au ministère des finances. Il m’a dit qu’il n’était pas au courant mais qu’il en rediscuter avec ses collègues. On avait décidé de ne pas aller sans notre argent. On avait mis un petit comité en place pour représenter l’équipe. Il y avait Ibrahima Traoré, Kevin ne voulait pas, Razzagui, Fodé Camara, Naby Yattara et moi. Un ministre m’a appelé pour me dire qu’ils ont fait des efforts et qu’il nous revenait d’en faire autant pour faire avancer les choses. On a dit d’accord Ibou et moi et qu’on allait rencontrer les autres. Mais il y avait deux camps dans l’équipe. Il y a les binationaux qui venaient d’Europe qui ne voulaient pas partir et il y a les natifs de Conakry qui voulaient partir. Vu que les binationaux étaient un peu influents, certains natifs de Conakry ont rejoint leur rang. Je leur ai expliqué la situation et je leur ai dit, allons à la CAN jouons et oublions tout le monde. On a appelé Salifou et la ministre des sports pour leur faire part de notre décision. Mais il y a eu des embrouilles dans la salle et Ibrahima Traoré ne voulait pas prendre de décision sur l’envie d’aller à la CAN ou non, même ses potes binationaux se sont révoltés contre lui. Il a dit qu’il était neutre alors qu’il était vice-capitaine. Quand on a eu le ministre au téléphone un peu plus tôt, je m’étais mis d’accord avec lui mais une fois dans la salle, il s’est énervé et a refusé de prendre une décision. On est passé au vote et la majorité ne voulait pas partir. Ils ont demandé au capitaine que j’étais de décider donc, mais moi j’ai dis que ça ne sert à rien de me dire de décider alors que tout le monde a décidé de ne pas partir. J’ai dis devant tout le monde que je veux qu’on aille. Ils ont dit non, on a décidé de na pas y aller. J’ai dis dans ce cas rentrons nous coucher, la nuit portera conseil. J’ai ensuite rencontré Salifou et Domani qui ‘étaient très inquiets et qui m’ont parlé comme leur frère. J’ai aussi discuté avec le coach qui m’a dit qu’on ne pouvait pas rester sur nos positions à trois jours de la CAN. Je leur ai ensuite dit de rentrer et que moi j’allais amener cette équipe à la CAN parce que je sais que le jour où ça va péter, c’est chez nous qu’ils vont gâter à Conakry et ce sont nos parents qu’ils vont insulter. Je dis les binationaux, après la CAN, ils vont prendre leurs affaires et rentrer en Europe. Et c’est ce qui s’est passé. On s’est fait éliminer, ils ont pris leurs affaires et ils sont rentrés en Europe. Et si vous voyez, ce sont les gens qui venaient de Conakry qui ont été critiqués après l’élimination, en partie Naby Yattara et moi.  La grève, ce n’était pas pour de l’argent mais c’était pour montrer que nous aussi on pouvait bloquer quelque chose et être unis. Je suis par la suite rentré dans la chambre de chaque joueur pour expliquer ce qu’on attend de nous à Conakry. Il ne fallait pas qu’on aille jusqu’au bout de bout idées parce que ça allait se retourner contre nous. Ils ont dit qu’ils ont compris et le matin on a pris le vol pour partir en Guinée Equatoriale. Ce même matin, tout le monde était habillé en uniforme sauf Ibrahima Traoré, Ibrahima Conté, Naby Keita et Seydouba Soumah qui étaient en shirt. Quandd j’ai parlé aux trois autres, ils se sont changés. Je suis venu le voir pour lui dire, Ibou il faut te changer pour te mettre en jogging comme tout le monde. Il m’a dit non, qu’il ne peut pas le faire.  Je lui ai dis qu’il est le vice-capitaine et qu’il devait donner l’exemple. Il a refusé. J’ai été voir le coach qui lui a également parlé mais il n’a pas voulu.  Il a voyagé habillé différemment de toute l’équipe et c’est la seule fois que j’ai eu une embrouille avec Ibou. J’ai appris ensuite que je montais les uns contre les autres pour une histoire de brassard. Jamais. Quand j’apprends des choses comme ça, ça ma révolte. Mis à part l’histoire du brassard, Ibou Traoré c’est mon cousin. On se parle tout le temps, on se parlait plutôt tout le temps. On s’envoyait souvent des messages.

Tout cela a cessé ?

Depuis après la CAN ça cessé.

Pourquoi ?

Je ne sais pas.

Est-ce lié au problème du brassard ?

Ça n’a jamais été un problème pour moi. Moi je suis arrivé en sélection en ne pensant jamais à être capitaine. A l’époque, il y avait des grands, Pascal, Kanfory, Bobo, Momo Sylla, Kaba Diawara, Daouda Diaby…  Sur et en dehors du terrain, je prenais tout le temps la parole. Quand un grand faisait un truc sur le terrain, je lui disais ce n’est pas comme cela qu’il fallait faire. A l’époque, Robert Nouzarret a vu ça. Et quand il y a eu l’histoire avec Pascal, il m’a remis le brassard.

Aujourd’hui, es-tu prêt à renoncer au brassard ?

Je ne veux pas le brassard. J’ai déjà fais mes preuves avant d’avoir le brassard. Je suis prêt à revenir en sélection sans le capitanat. Ce n’est pas ce qui me fait vivre en sélection. Dans mon club, je me bats tout le temps, je me défonce mais je n’ai pas le brassard là-bas. Avec ou sans me brassard, je mouillerai tout le temps le maillot pour le syli national.

Comment expliquer tout ce problème d’egos dans l’équipe ?

Je pense en fait que les binationaux étaient les meilleurs éléments du syli national. Quand tu prends Ibou Traoré, il joue régulièrement en club. C’est quelqu’un qui peut beaucoup apporter au syli. Après, il y a Kevin Constant. A leurs postes, il n’y a pas beaucoup qui peuvent faire ce qu’ils font sur le terrain. Vu qu’on avait que ça comme joueur, même s’ils font quelque chose, le coach ne pouvait pas trop aller au clash avec eux pour éviter de les frustrer. Les natifs de Conakry voyaient tout cela et ça ne plaisait pas à tout le monde. Tout le monde n’était pas content du traitement qu’on accordait aux binationaux. C’est comme ça que je l’analyse. A la CAN, à l’entraînement, il y en a qui ne se donnaient pas à fonds parce qu’ils savaient qu’ils allaient jouer.  Moi je parlais à tout le monde. A chaque fois qu’il y avait un truc, Ibou me disait va causer aux joueurs. Même à l’échauffement avant les matchs, tu sentais des joueurs qui n’étaient pas concernés (…) Il y en a qui n’étaient pas contents d’être sur le banc de certains qui n’avaient pas prouvé lors des deux premiers matchs et cela amène des tensions dans l’équipe. Mais ça ne s’est pas fait sentir tout de suite. C’est après l’élimination que ça a explosé. Il y a eu des conférences de presse où le coach m’a demandé de venir, j’ai dis non, je ne suis pas le capitaine, ça va amener des histoires encore.

Pourquoi tu estimais que tu n’étais pas le capitaine ?

Je ne l’étais pas sur le terrain. Pour cette CAN, dans ma tête, je n’étais pas le capitaine. J’étais là juste pour aider l’équipe entant que joueur. Sur le terrain, je n’étais pas le capitaine et en dehors, je faisais ce que je pouvais (…) Après la CAN, beaucoup de choses se sont dites surtout sur moi. Ce que je trouve dommage, après tout cela, il n’y a pas eu quelqu’un du ministère ou de la fédération pour démentir parce qu’ils savent ce que moi j’ai fais pour cette équipe pendant et avant la CAN. A chaque fois qu’on faisait match nul en phase de groupes, c’était comme si j’avais joué. Tout le monde venait me voir, oh capitaine félicitations et merci pour ce que tu fais pour l’équipe. Quand il y a eu l’élimination, je n’ai vu ni Salifou, ni Domani, je n’ai vu personne. Il n’y a eu personne pour protéger l’équipe. Le mois prochain, on va être appelé ensemble encore. Ils n’ont rien fait pour protéger l’équipe. Qui sait qui va vouloir venir en sélection ? On est là, on n’est pas protéger.

 Le syli change de coach. As-tu été contacté par le nouveau staff technique ?

Kaba Diawara m’a appelé (…)  il m’a dit que Luis lui a dit d’appeler les joueurs, qu’il a appelé quatre ou cinq joueurs et que j’étais le seul à avoir répondu. Il m’a dit qu’ils ont repris la sélection, qu’ils comptent sur moi, je suis le capitaine, je suis le plus ancien. Il m’a dit qu’ils veulent que j’appelle les autres pour leur dire de se tenir prêts.

Quel est ton avenir en club ?

Aujourd’hui, je suis en fin de contrat. J’ai des touches en Angleterre et en France mais je ne veux pas me précipiter comme ce fût le cas la saison dernière.

On parle d’un retour à Lens ?

(Il sourit) je ne sais pas encore. C’est peut-être possible parce que c’est un club qui me tient vraiment à cœur. Même en ligue 2, je suis prêt à revenir à Lens. Je n’ai jamais joué en France. J’ai envie d’y jouer pour montrer à tout le monde que je suis parti trop tôt et que j’ai le niveau que ça soit en ligue 2 ou en ligue 1.

Un dernier message ?

Dire juste que tout ce qui s’est dit après la CAN n’est pas vrai. C’est que du mytho. Moi je suis là. Si quelqu’un veut savoir quelque chose, qu’il m’appelle ou quand il me voit dans la rue, moi je suis prêt à discuter. Il y a eu plein de choses dites sur moi qui sont fausses. Moi je suis prêt à jouer  pour cette équipe sans même toucher une prime. Je ne suis pas là pour de l’argent. Je suis prêt à me battre et à mourir pour cette équipe. Aujourd’hui ma mère ne vit plus, mais c’était elle qui me disait va jouer, oublies tout ce qu’on raconte sur toi, moi je suis fière de toi, tu as représenté mon pays. J’aurai pu jouer pour le Liban mais je suis né en Guinée, j’ai grandi en Guinée, je me sens plus guinéen qu’autre chose. C’est mon pays. Avec ou sans Zayatte, continuer à soutenir le syli national car je serai toujours là.

Propos recueillis par Thierno Amadou MAKADJI

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