Connect with us

Hi, what are you looking for?

A LA UNE

Dussuyer : « C’est une décision que j’avais en tête depuis… »

Au lendemain de l’élimination de la Guinée en quart de finale de la CAN 2015, Michel Dussuyer a jeté l’éponge. Il a annoncé sa démission à ses joueurs dans la matinée de ce lundi. L’entraîneur français a accepté de répondre à nos questions dans un entretien à bâtons rompus. Les raisons de sa motivation, ses cinq années passées en Guinée, ses regrets, tout y est. Lisez !

Foot224 : vous avez annoncé votre démission de la tête du Syli national ce lundi. Qu’est-ce qui motive cette décision ?

Dussuyer : c’est une décision que j’avais en tête depuis plusieurs semaines. J’ai besoin aussi de repartir sur un autre projet et passer à autre chose même si je mettais donner à 100% pour comme je l’avais dit, aller jusqu’au bout de cette compétition. Parce que c’est un challenge qui me tenait à cœur, mais il ya des cycles aussi dans le travail d’un entraineur. C’est toujours bon d’avoir une continuité, mais il faut savoir s’arrêter à un moment donné. D’une part, parce que soi-même on n’est un peu fatigué et d’autre part, ça implique un nouveau coach, une nouvelle façon de travailler ou un autre discours, donc une mise en cause, une remise en question. Tout cela, c’est aussi profitable à tout le monde que ce soit les joueurs ou le staff technique. Donc c’est juste une remise en cause, parce que 5 ans, c’est un long bail. Donc, à un moment il faut savoir tourner la page en espérant que ce que nous avons fait jusque là reste des bons souvenirs.

Foot224 : vous partez parce qu’également vous avez d’autres propositions ailleurs ?

Dussuyer : d’abord je n’ai aucun projet ailleurs pour le moment. Jai aucun contact, aucune discussion avec personne. Je ne pars pas parce que j’ai en tête une autre destination, mais simplement pour les raisons que j’ai évoquées. C’est un long parcours depuis 5 ans, j’ai encaissé beaucoup de chose, j’ai subi beaucoup de chose dans l’environnement, au niveau des médias, des remises en cause permanentes de mon travail, des mes choix. La fatigue du travail, l’usure du temps qui fait qu’à un moment donné, vous avez envie de tourner la page, repartir sur de nouvelles bases. Donc, ce n’est dirigé contre personne. J’ai toujours eu le plaisir à travailler avec les joueurs et j’ai une pleine confiante en eux car ils sont capables d’aller plus loin. J’espère que de bonnes décisions seront prises quant au choix de la personne qui va me succéder pour que cette équipe nationale continue à avancer.

Foot224 : c’est vrai que vous avez des attaches avec la Guinée Equatoriale et le Ghana ?

Dussuyer : non, Je ne sais pas.

Foot224 : avant la prolongation de votre contrat, vous disiez être motivé par le sentiment de pouvoir réussir quelque chose avec cette équipe. Pensez-vous y être parvenu ?

Dussuyer : la première chose était de réussir à qualifier cette équipe, c’était le premier objectif. On sortait d’une élimination après ce match difficile contre le Niger à Niamey et moi ça me restait en travers la gorge. Donc, j’avais vraiment à cœur de prendre une revanche sur le sort, j’avais à cœur de porter cette équipe que l’on décroche cette qualification pour la CAN 2015. C’était mon moteur, c’était ma motivation. Derrière cela, il s’agissait aussi d’aller beaucoup plus loin dans cette compétition. On ne dispute pas une phase finale d’une CAN tous les jours et on ne l’a joue pas pour faire du tourisme. Il est valable pour fixer encore nos limites et Dieu seul sait qu’il a fallu repousser nos limites, parce qu’il y avait des gros clients dans notre poule et que chaque match a été très exigent pour nous. Il faut savoir mesurer le chemin qui a été fait et celui qui reste devant nous. On n’est pas égal en termes d’effectif à toutes les nations qu’on a affrontées, donc il ne faudrait pas que vous l’oubliez. Il faut pas se dire du jour au lendemain parce qu’on a battu le Togo, l’Ouganda qu’on est le meilleur du continent. Mais il ne faut pas non plus après une défaite se dire qu’on est les plus mauvais, ne pas passer d’une extrême à l’autre. Il faut savoir s’évaluer à sa juste valeur et c’est comme cela qu’on avance. Celui qui est plus présomptueux n’avance pas, celui qui est trop réservé et pas assez confiant n’avance pas aussi.

Foot224 : est-ce que ne vous avez le sentiment d’avoir été lâché par vos joueurs par rapport au match qu’on a vu face au Ghana ?

Dussuyer : c’est vrai que pour le match d’hier (dimanche, NDLR) on est passé à coté, mais il y a beaucoup de paramètres qui pourraient expliquer cette contre performance. Il y a le facteur récupération. Le Ghana a mieux préparé le match que nous. Ils ont eu 24 heures de récupération de plus que nous. Après le match du Mali, on a voyagé, on est resté en rade à l’hôtel en attendant le tirage au sort. On a perdu toute une journée et donc le Ghana s’est mieux préparer que nous. Le scenario du match est terrible, on encaisse le premier but après trois minutes de jeu, on ne rentre pas dans ce match. En étant mené, on essaye de revenir dans le match et juste avant la mi-temps, on prend ce but. Après, il ne faut pas oublier quand on a rivalisé avec les grandes équipes qu’on a eu à affronter. On avait beaucoup donné et physiquement et il y avait un peu de lassitude et de fatigue. Tous ces phénomènes ajoutés font qu’on n’a pas pu produire le match qu’on souhait faire contre cette équipe du Ghana.

Foot224 : vous attendiez beaucoup de Kevin Constant dont la convocation a suscité un grand débat. Comment jugez-vous sa prestation durant cette CAN ?

Dussuyer : on espère toujours plus. Ce sont des joueurs qui donnent toujours sur le terrain et quelque fois même si la volonté y est, mais la forme du moment n’y est pas. Il y a d’autres garçons aussi qui avaient été extraordinaires durant les éliminatoires, on ne les pas retrouvé durant cette phase finale chacun pour des raisons diverses. Il s’agit pas de dire c’est tel ou tel qui porte la responsabilité de quoi que ce soit, c’est un ensemble de chose. C’est vrai que par rapport à certains joueurs, on espérait plus mais ils ont donné le maximum d’eux-mêmes. Par rapport à Kevin c’est le moment que je l’ai senti le plus à l’aise dans le groupe, mais les performances des uns et des autres, on les laisse à l’appréciation de chacun.

Foot224 : après cinq ans de travail, que retenez- vous de votre séjour guinéen ?

Dussuyer : chaque jour qui passe, on retient des choses. On vit au quotidien des situations qui nous enrichissent ou des épreuves aussi qui vous renforcent. La satisfaction, c’est toujours d’arriver à franchir des caps. Toutes ces choses qu’on vit au quotidien, modifient votre attitude et on essaye toujours de s’améliorer.

Foot224 : votre plus beau souvenir ?

Dussuyer : il y en a beaucoup. Les deux qualifications à la CAN, ce sont des moments de joie partagés avec le groupe et le staff, donc ça reste des grands moments. Il y a aussi la joie dans le regard des Guinéens. Il faut ne faut pas être populiste. Quant on est à la tête d’une équipe nationale, on travail pour tout un peuple. On sait qu’on est conscient de cette responsabilité de leur donner de la fierté par rapport à leur équipe nationale et de la joie par rapport aux résultats. Quant on voit le sourire, quant on voit les gens heureux et qu’on se dit quelque part qu’on a contribué à cette joie là, ça touche beaucoup.

Foot224 : des regrets ?

Dussuyer : ce ne sont pas des regrets mais des mauvais souvenirs. On a le match contre le Niger à Niamey, c’est vraiment un mauvais souvenir pour moi.

Foot224 : vous avez passé cinq ans en Guinée, quel conseil donneriez-vous pour booster le football guinéen ?

Dussuyer : l’environnement est en progression depuis plusieurs années et il y a des conditions de travail qui s’améliorent mais il reste encore beaucoup à faire. Vous qui êtes présents ici pour la CAN, vous avez vu comment sont composées les délégations des grandes nations, le nombre de personnes qui sont rattachées aux équipes et des conditions de travail dont elles bénéficient. Nous aujourd’hui on est là, on rivalise avec ses équipes là en n’ayant pas les mêmes conditions de travail, en ayant pas les mêmes conditions d’effectif et on veut encore à l’immédiat. Il faut du temps, ce sont des jeunes joueurs qui composent cette équipe. Il faut qu’ils fassent leur chemin dans leur clubs, qu’ils continuent à atteindre des paliers et si cet effectif continu à grandir, à progresser dans les prochaines années, on peut vraiment espérer qu’on puisse atteindre un palier, qu’elle rivalise les grandes équipe équipes et qu’elle aille un peu plus loin dans la compétition. Il faut savoir où on se situe à chaque moment et pas se dire que cette équipe est passée à coté de son sujet. Elle est passée à coté contre le Ghana, mais elle est en progression depuis plusieurs mois que vous le vouliez ou non .Donc, il y a eu un accident contre le Ghana, ce n’est pas pour autant qu’elle ne va pas reprendre sa marche en avant et continuer à avancer.

Foot224 : est-ce que pensez que vous n’avez pas été moins exigeants envers les dirigeants par rapports aux conditions de travail ?

Dussuyer : vous savez on n’est toujours prisonnier des textes. A un moment donné, on vous dit qu’il n’y a pas de moyens. Est-ce que vous allez démissionner avant la CAN ? Vous allez vous accrocher et faire avec les moyens de bord. Je ne dis pas cela parce que ce sont des mauvaises conditions de travail, mais je dis de regarder les autres, regardons ce qui se fait ailleurs. Comment sont constitués les staffs, les gens qui travaillent autour. Les moyens financiers sont aussi différents. L’Algérie a une fédération qui met beaucoup de moyens sur l’équipe nationale, la Guinée n’a pas ses possibilités là, donc il faut faire avec les moyens de bord et essayer de tirer le maximum avec nos conditions de travail. Il s’agit de jalouser les autres, c’est seulement de se dire voilà la direction, voila les axes qu’on peut développer, structurer notre football et structurer l’équipe nationale. Il faut aussi qu’il y ait des moyens qui suivent. Il faut adapter sa politique aux moyens.

Foot224 : merci coach et bonne chance
Dussuyer : merci à vous aussi.

Propos recueillis par Sékou Koutoubou Kaba et Thierno Amadou MAKADJI

Click to comment

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

SOAR ACADEMY

COMMUNIQUEZ SUR FOOT 224

Consultez nos archives

Vous pouvez lire aussi ...

Advertisement PUB FOOT224